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Son frère Roger avait cinq ans lorsque Jean vit le jour quelques temps après la fin de la première guerre mondiale. La naissance eût lieu dans le département de la Sarthe, précisément à Bonnétable, petite ville d'où était originaire sa mère. Employé du textile, son père fût envoyé au "front" comme nombre de ses contemporains. Il revint gravement malade de cet ignoble massacre, cette inhumaine boucherie humaine. Il est devenu inapte au travail puisque "gazé de la Grande Guerre, grande éventuellement par sa longueur, mais pas par sa "Grandeur" ! 
 
En compensation de cette situation difficile,  < 5 rue de Grenelle - Paris 6° >   la Nation "offrit" à sa mère, Marguerite, un emploi de concierge dans un petit immeuble du sixième arrondissement de Paris. La famille vivait avec une très petite pension, mais sans loyer, dans la loge de la conciergerie. L'espace était très restreint : il consistait en une pièce unique qui nécessitait le pliage du lit des enfants après leur lever et le repliage pour leur coucher. Il se situait au fond d'une cour intérieure de moins de dix mètres carrés. Au travers d'une vitre, filtrait la lumière naturelle qui descendait du sixième étage...
 
La vie de Jean était alors rythmée par l'école, quelques tâches ménagères pour aider sa mère, les visites régulières à son père qui passait une majorité de ses dernières années dans un sanatorium. Celui-ci s'éteignit lorsqu'il avait neuf ans.
 
Acette époque dans les milieux pauvres, la plupart des adolescents n'avaient pas d'autres choix que de quitter le foyer pour aller dans la vie active. Aussi, dès ses quatorze ans, Jean se dirigea vers l'apprentissage de la pâtisserie chez un artisan proche de la loge familiale.
 
Un quart de siècle après son père, Jean connut, à son tour, les tourments d'un conflit militaire, la seconde guerre mondiale. Alors qu'il rejoignait, à pied, son régiment, celui-ci fut dissout et il se retrouva embarqué dans le Service du Travail Obligatoire en Allemagne. Il remplaçait le boulanger, parti au "front", d'une petite bourgade du nord de ce pays.
 
Lorsque cette époque troublée s'acheva, Jean, comme tous ses camarades d'infortune, retrouva la France libérée. Débuta alors une période d'importante et d'indispensable "reconstruction nationale". Une grande majorité de la population vivait dans la difficulté, mais dans l'espoir d'un meilleur proche. Les tickets de rationnement étaient toujours en service et la consommation était exclusivement basique, axée sur l'essentiel. De la pâtisserie, activité de luxe, Jean s'orienta vers la fabrication du pain comme ouvrier boulanger.