Bandeau.

Officiellement, l'année scolaire se terminait pour le quatorze juillet. Mais dès la mi-juin, le rythme de travail était très ralenti. Certes, pendant cette période estivale qui débutait, les premières chaleurs ramollissaient les esprits et anémiaient les énergies, mais la raison majeure était la préparation de la "fête de fin d'année". Monsieur B scindait ses élèves en groupes restreints d'acteurs et/ou de choristes. Ces troupes se succédaient les unes après les autres pour les indispensables réglages sous la houlette du metteur en scène ou du chef de chœur. Pendant ces répétions, la chaise de l'imposant bureau était occupée par Annie, sa fille. Elève au cours complémentaire de Montoire sur le Loir, elle devait bénéficier d'une anticipation des vacances, sûrement pour des motifs licites. Elle lisait une histoire, une aventure ou un roman d'une voix claire, avec force conviction. Avait-elle choisi le livre elle-même ? Le titre lui avait-il été imposé par Monsieur B ? L'assistance ne le savait pas, mais elle écoutait dans un profond silence et avec gourmandise...
 
L'objectif Petit-laroussepremier de cette cérémonie consistait de procéder à la "remise des prix" (d'orthographe, de calcul, d'écriture, de musique, de camaraderie...) en présence des parents. Pour chaque niveau, deux ou trois enfants recevaient la récompense prévue sous la forme d'un livre : un "Paul Emile Victor", un Saint-Exupéry ou autres écrivains héros. Un dictionnaire "Petit Larousse illustré" était offert aux reçus au "certificat d'études primaire", le diplôme sanctionnant la fin de l'enseignement primaire élémentaire. La manifestation se déroulait sur une estrade d'une trentaine de mètres carrés installée sous les platanes de la cour. La tribune donnait à l'évènement une plus grande solennité, de la majesté. Le spectacle récréatif préparé depuis quelques semaines entrecoupait les séances officielles d'énumération des heureux et valeureux récipiendaires. Les saynètes jouées par deux ou trois élèves alternaient avec les airs populaires entonnés par les chœurs plus ou moins mélodieux. Le décorum enveloppait l'atmosphère d'une ambiance légère et agréable gommant l'aspect austère de la célébration.