Bandeau.

Le premier aller s'est déroulé en compagnie de Ida qui marchait à côté de son vélo en prévision du retour. C'était une belle matinée baignée dans un air limpide et vivifiant sous un ciel d'un bleu pur, très certainement en automne. Ce chemin était emprunté dans sa totalité pour la première fois. La distance de mille cinq cents mètres ne paraissait pas une difficulté pour les petites jambes. Les sens étaient en éveil, comme à l'accoutumée, et les sensations pénétraient la jeune créature fière et légèrement inquiète. L'esprit était envahi de sentiments variés oscillant entre imitation et intégration du quotidien de Daniel, aventure liée à la découverte, l'inconnue et l'angoisse de la nouveauté. Un rendez-vous avait-il été pris au préalable ? Était-ce à la rentrée ? Était-ce à l'heure de l'ouverture de l'école ? en cours de matinée ? 
 
L'image primordiale fixée de ce vaste lieu insolite et impressionnant traduit une impression de petitesse, de malaise, de flou, de perte des repères dans une immensité nouvelle, angoissante, proche de l'hostilité. < Bureau d'écolier double >La première vision concrète se situe au fond de la salle, seul sur un banc à double place dans une attente inactive, longue, voire interminable. Devant, à gauche et à droite, un nombre important d'enfants inconnus, des "grands". Le maître d'école, vieux monsieur en blouse grise, circulait dans la pièce en s'adressant aux écoliers lui faisant face momentanément. Sur le mur opposé, des inscriptions dessinées à la craie blanche ondulaient sur une immense surface rectangulaire peinte en vert foncé au-dessus d'un imposant bureau en hauteur. La lumière pénétrait par de larges et hautes fenêtres situées latéralement très loin du sol.