Bandeau.

Pour de nombreux conscrits, le service national représentait une ouverture sur le monde environnant. Il offrait, en particulier, la possibilité d'une sensibilisation à une vision de l'existence distincte de celle inculquée dans l'entourage familial. En l'occurrence, le service actif engendrait, d'une part, la découverte in situ d'un mode de vie différent, inédit et en totale imprégnation. Traditionnellement, l'Afrique subsaharienne baignait dans une culture orale axée sur le lien social et les relations humaines sans référence temporelle. Elle s'opposait complètement aux comportements très rationnels du monde occidental en constante agitation et mu par un égocentrisme exacerbé... D'autre part, l'accomplissement de cette obligation dans un pays africain plongeait ces jeunes recrues dans un univers géographique et climatique inhabituels. Le territoire sénégalais se déclinait en une variété de paysages contrastés s'étalant des zones semi-désertiques du Sahel aux confins de la forêt tropicale. Ce milieu inconnu, souvent difficile pour les autochtones, générait des coutumes spécifiques insolites façonnées par les différents apports étrangers au fil des siècles et des circonstances.

 

Le décalage culturel se rencontrait dans de nombreuses situations concrètes du quotidien. Sa perception apparaissait dès les débuts de vie à Dakar entre étonnement et stupéfaction. Avec un écart abyssal, il s'intensifiait au niveau des relations humaines privilégiées dans des conceptions différentes de la vie. Les traditions ancestrales locales inhérentes à l'impact du milieu sahélien se cristallisait dans le lycée Blaise Diagne ou dans les instants vécus et ressentis à Dakar. Enfin l'étendue de la palette des panoramas parcourus lors d'immersions sporadiques laissait une impression indélébile dans des aspects de la brousse.