Bandeau.

Tout naturellement la mise à l'écart forcé de la cellule familiale s'est traduite par une migration chez les grands parents maternels à la campagne.  
Le déplacement des deux enfants vers leur "foyer" de substitution Traction avant Citroëna dû être effectué par un beau-frère de Ida qui possédait, signe de progrès et de réussite sociale, une "traction avant Citroën". Les frères et sœurs de Ida avaient prospéré dans la charcuterie, en possédant leur propre commerce que les circonstances du moment avaient permis de rendre florissant... Solidarité familiale oblige, ils rendaient volontiers service à la grande sœur et sa descendance moins avantagée par le sort.
 
Le dépaysement ne semble pas avoir posé le moindre problème. Une nouvelle vie démarrait dans ce lieu baigné d'un amour ouaté omniprésent, mais sans épanchement excessif. Le déroulement des journées s'accomplissait dans un cadre rigoureux : le poids de la responsabilité et le souci d'une bonne éducation étaient manifestes et constants. Une grande attention aux demandes, formulées ou non, générait une réponse directe, adaptée, positive ou négative, mais justifiée par le bon sens et l'expérience.
 

Quelques souvenirs tenaces permettent de montrer un aperçu du vécu de cette période en même temps longue et courte, mais combien importante à plusieurs égards : une atmosphère chaleureuse et calme, une recherche constante de convivialité, une disposition soutenue à rendre service à autrui, une préoccupation persistante de ne pas gaspiller, de réutiliser autant que possible, de "recycler" en une nouvelle fonction (surtout, ne pas jeter, ça peut servir...), une proximité avec la nature, un état d'action permanent, une certaine insouciante propre à l'enfance avec plus ou moins conscience du manque parental. Un patchwork de clichés, sans hiérarchie ni chronologie, illustre ces rappels à la mémoire :