Bandeau.

La participation à différents travaux au sein de la propriété a certainement été imposée à la suite du décès de Constant. Mais elle paressait naturelle, elle illustrait pleinement un élément de l'éducation, le partage : "tu reçois, tu donnes". Leur importance en durée et/ou en difficulté variait selon le moment, la saison.
 
A la fin de l'hiver et au printemps, les tâches variées spécifiques à la vigne demandaient de la main-d'œuvre, mais l'éloignement par rapport à la propriété obligeait à une certaine évasion à l'extérieur qui pouvait susciter des rencontres... Lors de la taille, les enfants ramassaient les sarments coupés pour en faire des tas et emmenaient les fagots ficelés au bout des rangs. L'opération de décavaillonnage était plus pénible, lente et fastidieuse. 
 
Au début de l'été, la récolte du foin nécessitait des bras notamment lors du fanage. rateau ancien 1Cette opération assurait un meilleur séchage après la coupe. A l'aide de grands râteaux en bois, le fourrage était ensuite amassé en mulons de la hauteur d'un homme et plus ou moins espacés. Puis il était chargé sur le plateau de charrettes qui circulaient aisément de l'un à l'autre. Enfin il était stocké dans les greniers en vue de son utilisation hivernale.
 
L'arrivée des vacances estivales annonçait la venue des laborieuses corvées tant redoutées. A la fraîche, alors que le soleil ne dardait pas encore ses rayons brûlants sur les corps, la mission était le désherbage dans le champ qui faisait face aux bâtiments. L'opération consistait en sarclage, à la binette, des rangs de pommes de terre, de choux de différentes sortes ou de betteraves pour la nourriture des animaux. Cette activité avait pour conséquence de vider les organismes en énergie et en humidité en transférant la sueur vers chemises et chapeaux indispensables. Elle s'accompagnait souvent de bulles de liquide à l'intérieur des mains procurant de légères brûlures après éclatement... La sieste, obligatoire en ces moments de forte chaleur, permettait une bonne récupération à ces corps dynamiques mais encore fragiles.
 
Au soleil couchant, ces mêmes espaces que les rayons ardents avaient asséchés pendant la journée appréciaient la séance d'arrosage. L'eau pompée à la force des bras emplissait des seaux d'une douzaine de litres de contenance. Ceux-ci étaient acheminés, un à chaque bras, à quelques vingt ou trente mètres dans le champ et transvasés dans des arrosoirs. La "pluie" salvatrice qu'ils déversaient redonnait vigueur aux différents plants en souffrance. La fraîcheur nocturne amplifiait l'effet bénéfique de l'humectage en conservant l'humidité plusieurs heures consécutives.
 
Lorsque la nuit n'envahissait pas le jour trop rapidement, un temps de jeux divers et improvisés apportait une récompense réconfortante et attendue. Il s'agissait toujours d'activités physiques. Parfois s'engageait un combat de lutte "gréco-romaine" qui se terminait généralement à l'avantage de l'ainé... avec les pleurs du cadet. Mais le plus souvent, les préférences s'orientaient vers les "tours" de vélo sur le chemin qui longeait l'habitation, d'un carrefour à l'autre.