Bandeau.

Après les trois années précédentes de vie contrainte et subie en internat, la survenue de sa gestion personnellement, avec une relative autonomie, sans autre entrave que financière, apportait un sens profond à ce concept tant envié de tous temps et en tous lieux : la liberté. Agir selon les circonstances du moment, ses désirs spontanés, immédiats ou projetés, constituait une découverte, une respiration opportune très appréciée. Cette aventure se réalisait d'abord humainement, par les rencontres contingentes programmées par un certain hasard autant provoqué que conjoncturel. Les journées obéissaient à des rituels élaborés autour des impératifs collectifs et des temps personnels, souvent de loisirs. Des faits exceptionnels généraient des anecdotes indélébiles : les séances de "retape" et la "montée" au rectorat de tutelle, la réalisation du cours d'enseignement programmé des mathématiques pour la physique, les évènements de "Mai 68" et les complications de la vie étudiante quotidienne.
 
Les moments intenses et notables survenus pendant cette période se nourrissaient en priorité et naturellement des relations humaines. La relativement faible population étudiante de ce jeune campus prédisposait à la convivialité, à une humanité presque familiale, et facilitait les contacts extra-disciplinaires et les liens potentiels. Majoritairement masculine, la quarantaine d'étudiants de la première année de MP1 occupait tout au plus les cinq premières rangées de places de l'amphithéâtre laissant une vision de vide dans l'immensité du volume inoccupé. Certains associations constituées auparavant perduraient dans les différentes activités quotidiennes, étude et loisirs : la bande des quatre du lycée technique de La Ferté-Macé qui cohabitaient en ville dans une ambiance souvent festive ; le duo des pointilleux contestataires du Lycée Bellevue : Daniel, le spécialiste des trajets et des horaires de la SNCF, et la grosse tête (aux deux sens : chevelu et doué) Jean-Claude ; Annette et Nicole, la paire brillante et besogneuse du lycée Montesquieu... Certains à l'esprit d'indépendance très marqué demeuraient électrons libres : Jean, Patrick, Pierre le valeureux bachelier série "science ex" à la suite d'une orientation maladroite ... Et d'une manière complètement fortuite et inattendue, le "groupe des quatre" se constituait avec Yves, surnommé antérieurement Mimile, et complété par les deux Gérard L et R. Bien involontairement et en totale inconscience, ce quatuor élaborait un mode d'action et d'évolution en commun dans et surtout hors le travail étudiant. Il véhiculait une impression de joie de vivre, de bonne humeur permanente, d'insousciance en apparence béate et provocatrice. Cette image de dilettantisme heureux, de détachement apparent, suscitait de l'étonnement, de l'incompréhension, de la réserve, parfois du dépit teinté de jalousie, notamment de la part de la quinzaine d'étudiants de l'effectif final de la promotion... Les vicissitudes de la vie de chacun l'emmenaient sur son propre chemin, le guidaient vers son itinéraire personnel en favorisant son installation familiale et professionnelle. Mais, après quelques temps d'éloignement, sous l'implusion et la volonté de Gérard L et de Mimile, cette cohésion se réactivait, prenait un nouvel élan. Cette communauté réduite et ressoudée éprouvait, dès lors, un désir partagé de revigorer la complicité grégaire et les mœurs initiales : des retrouvailles d'aspects divers, régulières et prolongées consolidaient les liens vivaces d'une amitié profonde.
 
L'emploi du temps quotidien respectait certains rites, le premier, chronologiquement, étant le petit déjeuner. A l'heure fixée la veille, il s'effectuait généralement dans la chambre de Mimile : eau chauffée sur un réchaud "camping gaz", nescafé, éventuellement régilait en poudre, tartines de beurre et/ou confitures parfois remplacées par des viennoiseries (croissants, pains au chocolat ou au raisins...) loupéennes invendues du dimanche précédent. La suite dépendait de l'emploi du temps universitaire : les cours magistraux ou les indispensables travaux dirigés obligeaient les quatre complices à se diriger à grandes enjambées (retard oblige) vers le lieu prévu, en tentant une entrée discrète ; une matinée sans impératif institutionnel autorisait toute possibilité d'action spontanée, très souvent intellectuelle (discussion, débat...) ; quelques rares fois, le sujet abordé traitait d'une difficulté rencontrée à l'occasion de la recherche d'un exercice d'application d'une notion de cours ou de la résolution d'un problème proposé. Car chacun consacrait, hors grégarité, quelques instants de besogne personnelle dans la solitude et le calme de sa chambre. Sans obligation de l'institution, l'après-midi s'écoulait très souvent devant un échiquier : après plusieurs longues heures d'attention et de réflexion, la partie s'achevait généralement par la sentence sèche et abrupte prononcée par Mimile ou Pierre : "échec et mat !"... Après le diner, la soirée se poursuivait assez régulièrement dans les salles enfumées du rez-de-chaussée de la cité universitaire par la pratique de différents jeux de cartes. Tantôt l'activité requérait cogitation, discipline et rigueur dans l'application de la méthode "Albarran" au bridge, tantôt le tarot, par tablée de cinq, générait une ambiance plus ludique, entièrement axée vers le divertissement. Très sporadiquement, sous l'impulsion intense de Mimile, quelques foulées matinales, amples et rythmées aspiraient à améliorer l'oxygénation des circonvolutions cérébrales et surtout à éliminer la couche de goudron stupidement déposée sur les alvéoles pulmonaires...
 
De manière épisodique, Michel animait des séances dédiées à la "Grande musique" dans une petite pièce d'un bâtiment du campus éloigné du tumulte nocturne. Une douzaine de mélomanes néophytes ou confirmés répondait à sa proposition d'ouverture culturelle. Il apportait de sa propre discothèque le microsillon d'une œuvre classique selon son inspiration du moment. Après une brève introduction, il suggérait d'écouter le morceau dans l'obscurité pour de meilleures sensations auditives en limitant le parasitage des autres sens. A l'issue de l'audition, l'échange des impressions individuelles ressenties lui fournissait l'occasion de proposer des informations complémentaires : la vie et le répertoire de l'auteur, le contexte de la composition et des premières représentations publiques, l'interprétation habituellement retenue... 
 
A l'initiative des autorités institutionnelles, notamment Michel et Hervé, des actions étaient organisées pour tenter d'asseoir la pérennité et la continuité de ce cursus. D'une part, des opérations de "retape" emmenaient enseignants et étudiants dans différents lycées du secteur à la conquête d'éventuels futurs candidats. Les quelques voitures (4 CV ou 4L Renault, 2 CV Citroën...) disponibles et bondées formaient un convoi vers le lieu sélectionné dans une joyeuse ambiance de lurons en goguette. Les premiers présentaient, en quelques traits promotionnels, cette formation spécifique d'une manière la plus attractive possible, mais sans démesure. Ensuite, les seconds, par petits groupes, échangeaient avec les lycéens en répondant à leurs questions, notamment sur les contenus, le niveau des difficultés, l'atmosphère de travail et des cours, la vie étudiante... Relater en toute simplicité leur vécu quotidien générait suffisamment d'arguments convaincants sans ajouter de propagande outrancière. D'autre part, au cours de la première année du second cycle, une expédition au rectorat (à Caen à cette époque) était programmée dans des conditions matérielles similaires. Son objectif visait à exposer la volonté collective de ce département naissant de la lointaine et modeste faculté des sciences du Mans d'obtenir la création de la deuxième année de maîtrise à la rentrée suivante. Les enseignants rencontraient les autorités de tutelle pour expliciter, justifier et défendre avec force la requête déjà formulée quelques temps auparavant. Parallèlement, la cohorte des quelques dizaines d'étudiants manifestait pacifiquement, sans acrimonie, mais avec détermination, son soutien à la délégation officielle. Mais finalement, cette démarche se révélait vaine dans l'immédiat : il fallait terminer le cycle en un autre lieu.
 
Dans le double souci de leur procurer des responsabilités et des activités concrètes, d'une part, et, d'autre part, de se délester de cette charge peu motivante à transmettre, les enseignants proposaient aux étudiants la réalisation d'un cours d'enseignement programmé des mathématiques pour la physique. Cette partie du programme se partageait assez naturellement en thèmes indépendants qui déterminaient les différents chapitres de l'ouvrage. Pour la réalisation de chacun d'eux, un groupe de travail d'étudiants volontaires se constituait selon deux critères majeurs : affinités relationnelles et/ou pour le sujet traité. Chaque partie comportait une brève introduction historique et contextuelle. Suivait ensuite, de manière séquentielle, les théorèmes, généralement énoncés sous forme de formule, avec leurs conditions d'utilisation et des exemples de mise en œuvre. Quelques exercices d'application achevaient la présentation avec des renvois vers des sections précédentes en fonction des erreurs repérées. Enfin une batterie de tests d'évaluation des acquis de ce chapitre proposait soit le passage au suivant, soit le retour à un point précis du développement pour une reprise de l'étude. Toute cette activité nécessitait l'exécution de diverses actions en plusieurs étapes : la recherche du contenu, souvent à partir des cours suivis antérieurement ; son développement en suivant une progression logique ; l'élaboration des épreuves de mesure des connaissances ; l'anticipation des difficultés rencontrées lors de la résolution des problèmes suggérés ; la connaissance complète et fine de l'ensemble des acquisitions de cet enseignement et la mise en place d'un système de codage cohérent et d'une grande rigueur des items évoqués pour un cheminement facilité à l'intérieur du manuel ; la rédaction et la dactylographie des différentes pages avec l'aide avisée et précieuse de Danielle, la secrétaire du département ; l'expérimentation en situation réelle sur une population à initier, les étudiants nouveaux. Ce travail en équipe et de longue haleine arrivait à son terme, mais sans publication, au moins immédiate. Toutefois, il apportait aux acteurs un complément de formation pratique non négligeable par son caractère transversal de la conception à la divulgation en passant par la réalisation et la mise en forme.
 
Le Mans connaissait aussi son mouvement étudiant de "Mai 68" appuyé, entres autres, par les syndiqués de l'usine Renault locale. Comme dans toutes les facultés françaises, il obéissait à des règles habituelles à ce type d'évènements. Une assemblée générale se déroulait le matin dans un des amphithéâtres du campus sous la direction des représentants déterminés de l'AGEM (Association Générale des Etudiants du Mans). Les tribuns manceaux s'employaient, comme leurs homologues parisiens notamment, à défendre les positions contestataires du moment. Chacun des porte-parole des groupuscules gauchistes (Lutte Ouvrière, Ligne Communiste Révolutionnaire, Trotskistes, Maoïstes, Marxistes-Léninistes...), alimentait le débat en valorisant les différences de sa communauté. Quelques rares volontaires hardis osaient braver l'ambiance générale en suggérant l'arrêt de l'action engagée et la reprise des cours. Quel courage mêlé d'inconscience ! L'après-midi, les étudiants convergeaient, le plus souvent à pied, vers la manifestation conjointe avec les travailleurs. Et attention en passant devant les CRS qui encerclaient et contrôlaient le centre ville : un échange enjoué entre camarades pouvait s'interpréter négativement et déclencher illico le départ d'un ranger vers la partie charnue des joyeux badauds. Dans cette "chienlit" généralisée, l'année universitaire se terminait avant son terme prévu, sans reprise des cours ni évaluation des aptitudes. Sa validation officielle nécessitait l'organisation des examens en septembre. Certains se résumaient à une série de questions balayant l'ensemble du programme, d'autres se réduisaient à une épreuve orale éventuellement subie un dimanche matin...
 
Mais la vie étudiante, sans bourse d'étude, ressemblait, avec acuité et persistance, à la survie matérielle : les conditions difficiles obligeaient à rechercher, accepter et effectuer un certain nombre de tâches extra-universitaires rémunérées. La plus fréquente se retrouvait dans les classiques cours particuliers de mathématiques à des élèves en détresse momentanée ou affirmée. Leurs parents, généralement aisés et distants, souhaitaient une certaine réussite à leur progéniture avec un investissement personnel minimal. Par ailleurs, Michel sollicitait une compagnie à ses enfants lors de sorties nocturnes à des spectacles culturels : théâtre, concert, etc. La garde se résumait habituellement à une simple présence rassurante pour toute la famille. Les trois heures se passaient sur le canapé du séjour, univers éclectique de livres et disques à la fois sobre et raffiné. Enfin, un remplacement, pendant une paire de mois, dans un établissement privé procurait un revenu substantiel régulier. En revanche, les compétences requises pour l'exercice de cette fonction ne présentaient aucun lien avec à la formation suivie depuis le secondaire : il s'agissait, en effet, du cours de biologie dans une classe de sixième...

 

L'étude spécifique, approfondie, des mathématiques dans l'enseignement supérieur s'effectuait dans le premier cycle de l'université pendant deux ans. Il préparait à un diplôme d'études universitaires générales (DEUG), plus précisément à un diplôme universitaire d'études scientifiques section "Mathématiques et physique". Cette discipline principale absorbait un peu plus de soixante pour cent de la vingtaine d'heures de cours hebdomadaires en première année (MP1). En seconde année (MP2), de la mécanique s'ajoutait, pour presque un cinquième du temps, à ces deux matières qui se répartissaient alors respectivement en cinquante et trente pour cent. C'est à partir du second cycle de cette maîtrise de recherche que les mathématiques représentaient l'exclusivité de la formation, avec deux certificats spécifiques (pour la première année seulement) : la topologie (C1) et les théories de la mesure et des distributions (C2). D'une manière générale, cet enseignement universitaire paraissait très théorique, sans ancrage direct, évoqué, sur la réalité. Certes, chaque étudiant, dans l'objectif de sa formation personnelle, était présumé apte à créer ses propres images mentales des notions abordées, étape quasi indispensable à leur appropriation. Mais l'évocation des leurs par les formateurs lors de leur présentation aux béotiens de l'amphithéâtre aurait pu leur servir d'aide, de tremplin à ces constructions individuelles, principalement dans cette discipline emblématique de l'abstraction...
 
La physique, étude des phénomènes physiques naturels, était transmise par Monsieur L. Ce maître de conférences méritait certainement la seconde partie de son titre d'enseignant-chercheur. Cette qualité devait lui fournir notoriété et reconnaissance dans un certain nombre de domaines qu'il avait fait évoluer et dont les compétences étaient avérées. Mais la première fonction de cette désignation semblait contrainte, purement alimentaire, une nécessaire obligation. Dans une complète indifférence envers son auditoire, il pénétrait dans l'amphithéâtre avec un petit classeur d'écolier de format A5. Il l'ouvrait à l'endroit repéré et en détachait une à une, au fur et à mesure de ses besoins, les feuilles jaunies. Puis il lisait d'un ton monocorde le contenu de la page tenue à la main gauche. Simultanément, de l'autre, il blanchissait le tableau noir sans se soucier des étudiants assis dans les gradins... Une majeure partie était consacrée à l'étude de l'électricité : la relation classique entre la tension et l'intensité électriques associée à la notion de conductance, le courant électrique (déplacement de charges dans des conducteurs), les propriétés des semi-conducteurs... Dans le prolongement de ce concept, l'électromagnétisme occupait une part aussi importante par son contenu et son volume, notamment la dualité électricité/magnétisme avec sa double utilisation de transformation (moteur électrique) et de production d'énergie (centrale électrique hydraulique ou éolienne par exemples), les ondes électromagnétiques (radio et lumière)... La mécanique vibratoire conduisait à l'optique mécanique et ondulatoire (diffraction, réfraction, longueur d'onde...) et à l'acoustique en association avec la mécanique des fluides. La thermodynamique apportait son lot de règles fondamentales et souvent élémentaires : le rapport entre pression, volume et température, les principes de conservation, d'entropie... Une légère approche de la mécanique quantique (interaction des particules élémentaires...) et de la surprenante théorie de la relativité (avec sa fameuse formule E = mc2) complétait l'étude théorique, mathématique, de ces manifestations du réel, du palpable ou censé l'être.
 
La mécanique, enseignée par Monsieur B, présentait un aspect plus prosaïque, plus concret. Son approche était guidée par des principes simples, rudimentaires. En mécanique statique, la notion d'équilibre concomitante de celle d'action-réaction se retrouvait, par exemple, dans des problèmes de frottement sur un plan incliné, de recherche de la limite de la stabilité... D'autre part, en cinématique, la décomposition des mouvements selon différents repères appropriés permettait leur étude de manière analytique et relative, ce qui réduisait sa complexité. Ainsi, le déplacement d'un usager d'un train pouvait être analysé à partir du véhicule ou d'une gare... Le trajet d'une crêpe lancée d'une poêle, se pliant en deux suivant un axe diamétral à son apogée, se ré-ouvrant dans la chute vers l'ustensile de lancer voyait son examen en plusieurs étapes : sortie de l'instrument avec une vitesse de départ impulsée par le bras du cuisinier, fin de l'ascension (vitesse nulle) et pliage, descente avec ouverture sous l'action de la gravité universelle... D'autres concepts basiques constituaient des sujets d'approfondissement et de mise en application d'apports mathématiques : les relations entre trajectoire, vitesse et accélération lors de mouvements rectilignes ou circulaires ; l'énergie cinétique proportionnelle au carré de la vitesse ; la quantité de mouvement (proportionnelle à la masse et à la vitesse) et sa conservation (avec libération d'énergie en cas de choc) ; les liens entre force, travail, énergie et puissance en association avec différents types d'inertie (moment)...
 
Les mathématiques conservaient leur ancestrale et classique bipolarité dans les deux années du premier cycle : d'un côté, une branche plus traditionnelle, l'algèbre, et, de l'autre, une tendance plus "moderne", récente, l'analyse. La vision séculaire se caractérisait par une apparence stricte et rigoureuse, pouvant confiner parfois à l'austérité. Cependant, elle occasionnait la capacité de procurer à ses praticiens une réelle satisfaction d'un caractère ludique bien marqué : en leur permettant un progrès d'un état initial à un autre, l'utilisation, le maniement de "règles du jeu" procuraient gratifications et encouragements. Le penchant plus actuel, a priori artificiel, provoquait autant de surprise, de découverte que de volonté de s'inscrire dans ce mouvement progressiste, plus contemporain et ouvert.
 
Le domaine algébrique du programme était dévolu à Michel qui, pour traverser la cité mancelle de son domicile au campus, chevauchait très souvent sa Mobilette bleue.mobylette bleue avec ses sandales nu-pieds, tous orteils à l'air ! Aucune connotation péjorative dans cette évocation, bien au contraire : ces signes extérieurs de mode de vie, sobres et naturels, montraient combien le personnage était d'une grande simplicité, détaché du matériel. Conjointement à cette pondération matérielle, il manifestait une immense affabilité envers tout interlocuteur, en particulier ses étudiants. Lors de sa première apparition dans l'amphithéâtre, il suggérait aux étudiants une série de propositions (assertions ou questions) d'aspect anodin, à l'énoncé simple, parfois primaire. Après un temps de réflexion nécessitant une gymnastique intellectuelle basée sur des raisonnements principalement déductifs, un échange s'engageait sur les réactions ou les réponses qu'elles induisaient. Une majorité des apprentis mathématiciens avait souvent une évaluation erronée de la situation... « Ça commence bien ! Où s'est-on engagé ? » La nécessité d'une codification stricte de la démarche argumentaire, de la déduction, apparaissait au terme de ce petit test ! Aussi, cet axe de la formation commençait par un cours de logique mathématique (logique formelle) : précision de la syntaxe et quantificateurs, calcul propositionnel et algèbre booléenne... La logique figurait alors comme un système complet et autonome avec ses principes de base, les axiomes, et ses règles de fonctionnement, les théorèmes. Suivait ensuite la remarquable "théorie des ensembles", continuation et aboutissement mathématique du mouvement intellectuel majeur du vingtième siècle : le structuralisme. Cette conception insolite s'était vulgarisée à la fin de cette période en intégrant le système éducatif sous la dénomination "mathématiques modernes" : une grande partie des collégiens et lycéens (et leurs parents) avaient appréhendé, et subi, cette vision formaliste, artificielle en apparence, durant leur scolarité. Mais pour un initié, même novice, ce concept d'universalité, de globalité, d'harmonie suscitait un enthousiasme évident, naturel. Cette doctrine se prolongeait naturellement par l'approche des structures : groupe, espace vectoriel (vision structurelle de la géométrie "classique")... Ce parcours s'achevait par l'étude des morphismes, liaisons et interactions qui pouvaient s'opérer, évoluer et interférer entre elles : mise en évidence d'analogies, extrapolation, adaptation de propriétés...
 
Hervé, jeune et brillant docteur, avait en charge l'enseignement de l'analyse. Cet enthousiaste maître de conférences, un tantinet dandy et légèrement illuminé, foisonnait d'idées en tous genres. Il pouvait, assez naturellement, rencontrer le préfet dans une chemise rose cravatée d'un imposant nœud papillon chamarré, et revêtu d'un pantalon bleu foncé et d'une veste vert pastel... Évidemment, ses cours reflétaient son image : apparence fantaisiste, dilettante, mais masquant une culture mathématique solide et exceptionnelle. Son envie viscérale de la partager, de la montrer vivante et spontanée l'emportait parfois loin de son public, alors pétrifié. Généralement les deux ou trois livres, aux pages repérées par un morceau de papier, qui l'accompagnaient n'étaient pas utilisés... Les rares séances qui nécessitaient leur recours les rendaient d'un embrouillamini indescriptible ! Cette branche de la discipline se caractérisait par un cheminement structuré des applications modernes des mathématiques qui évoluait de la définition axiomatique des nombres (axiomes de Péano) au calcul infinitésimal caractérisé par deux entités inverses et complémentaires : la différentiation et l'intégration. Ces notions fondamentales s'appuyaient sur celles, aussi essentielles, de limite en des valeurs précises ou infinies, et de continuité sur l'ensemble des nombres (dits réels en mathématiques). Cette approche se prolongeait par l'étude des statistiques dont l'objet était le traitement de données recueillies en grand nombre : moyenne, fréquence, corrélation, dispersion... Elle se poursuivait de manière naturelle par une initiation au calcul des probabilités : équiprobabilité, loi des grands nombres, variable aléatoire, espérance mathématique...
 
Le cours de topologie, enseigné par Jean, complétait la conception structuraliste ensembliste en l'appliquant au domaine de l'espace (dans le sens le plus large). L'objectif principal consistait en une formalisation des données spatiales dans la plus grande simplicité (axiomatique minimaliste) et la plus grande généralité, en vue d'applications aussi hétéroclites que possible. Bande-de-MoebiusSobre et globale, certes, mais l'extrême précision nuançait de manière fine les propriétés des espaces fermé (avec sa frontière) et ouvert (sans). L'idée, presque élémentaire, de voisinage facilitait l'étude du passage à la limite (chère aux mathématiciens) et de la continuité des différentes relations ou actions éventuelles entre les espaces topologiques. En complément de cette démarche purement abstraite, l'adjonction d'un système de mesure (distance, norme des espaces métriques) permettait la transposition dans un cadre numérique des problèmes ou situations de travail.
 
La théorie de la mesure était transmise par Jean-Louis, un individu de taille réduite, aux chaussures à talons et pointues avec une allure très volontariste et altière. Il "descendait" de la région parisienne le samedi pour ses trois heures de cours, une mi-temps en fin de matinée, l'autre en début d'après-midi. Il "débitait" son message sans hésitation et sans notes, la pipe à la main. Cette conception représentait un exemple net, flagrant, de l'ambigüité des mathématiques : une réalité primaire élémentaire formalisée avec une extrême rigueur et une abstraction excessive. Son objet était la généralisation de la notion d'intégration en vue, notamment, d'une application au calcul des probabilités. L'idée basique, énoncée de manière simpliste, consistait à associer une valeur numérique (positive) à une entité quelconque (ensemble, espace...) dès lors qu'une mesure était définie sur cet objet. Le "fin du fin", la quintessence du raffinement de la théorie, était l'introduction des ensembles négligeables (de mesure nulle) concomitamment au concept de "presque partout" ! Ainsi, une propriété pouvait être vérifiée sur un ensemble continu (infini) sauf peut-être sur un ensemble dénombrable (infini lui aussi) de valeurs ponctuelles... L'enseignement de cette première année de maîtrise s'achevait par la théorie des distributions, extension de la notion de fonction à des domaines non conventionnels rencontrés principalement en physique.
 
Malgré les efforts importants déployés, principalement par les enseignants très investis, et certainement en raison du faible effectif des étudiants, la seconde année de maîtrise n'était pas créée à la rentrée suivante dans ce jeune département de la faculté des sciences du Mans. L'inscription dans un nouvel établissement impliquait leur dispersion géographique d'où un éclatement du noyau restreint et privilégié qu'ils constituaient depuis trois ans. En l'occurrence, l'échec, en juin, de l'obtention du certificat C2 entraînait l'obligation de sa présentation à la session de septembre, avec une assurance de réussite non évidente a priori. A cette incertitude sur l'avenir proche, s'ajoutait un phénomène de saturation intellectuelle, une sorte d'état de surdose d'ingurgitation forcée, sans objectif clair et défini. En complément, le sentiment d'avoir atteint la limite des possibilités propres se juxtaposait à l'impression morose du moment. De plus, le malaise matériel récurrent et persistant amplifiait cet amalgame pernicieux. Aussi ce douloureux imbroglio se métamorphosait en un profond mal-être général, voire existentiel... Après les habituelles activités estivales propices à l'évasion cérébrale, à la remise à plat et au ressourcement des idées, l'opportunité de pallier temporairement la précarité de cette vie quotidienne devenue difficilement supportable ouvrait sur une issue impromptue. Ainsi, la formation initiale se terminait par une maîtrise de recherche avortée, transmuée par la suite en une équivalence de licence pour la nécessité professionnelle...
Des changements substantiels modulaient le déroulement et l'évolution de cette vie d'adolescent. En premier lieu, le retour, après une quinzaine d'années, dans le cercle parental modifiait, de part et d'autre, des habitudes inhérentes à chacun dans son vécu quotidien antérieur. L'appréhension de l'autre dans sa réalité propre bouleversait l'état existant et les stratifications constitutives élaborées au fil du temps.
 
Les motivations à l'origine du délaissement de l'activité parisienne sont très probablement plus professionnelles que sentimentales. La lassitude de la routine de dix années dédiées presque intégralement à la réussite sociale via le travail, certes lucratif, mais prenant et harassant, incitait à un retour à la vocation initiale moins pénible et plus satisfaisante. Des circonstances favorables et opportunes ont permis l'acquisition d'une pâtisserie à La Loupe en Eure et Loir. Cette petite ville paisible de quelques milliers d'habitants était à la fois bourgeoise et prolétaire, mais sans foyer de pauvreté marquant. Elle avait l'avantage de posséder une gare située sur la ligne de chemin de fer "Paris-Le Mans", à environ une heure et une centaine de kilomètres de la capitale.
 
Une variation importante du mode de vie, principalement dans la gestion du temps personnel, naissait de la différence de l'environnement humain. D'une attitude altruiste, désintéressée, conviviale, profondément humaine, en rythme et en symbiose avec la nature il muait en une posture essentiellement consommatrice, productiviste et rentable... Ainsi, une partie du jour et demi de repos scolaire devait être consacrée à la participation à des travaux d'aide au sein de l'entreprise familiale. Le dimanche matin, notamment, quelques heures étaient utilisées à la confection des tartes et tartelettes (abricots, mirabelles, cerises, ananas...) et au garnissage de la pâte-à-chou (Paris-Brest, religieuses et éclairs parfumés au café et au chocolat, salembos...). Par ailleurs, les relations commerciales normales exigeaient la livraison à leur domicile de la commande de certains (bons) clients. Enfin, les "sorties du samedi" nécessitaient un retour relativement tôt afin d'être opérationnel pour effectuer ces tâches. La récompense des camarades accompagnants se trouvait dans un petit-déjeuner copieux, à volonté : des viennoiseries (croissants, excellents au demeurant, pains au chocolat ou aux raisins...) tout juste sorties du four accompagnaient une boisson chaude (chocolat ou autre café...) et quelques blagues de fin de nuit...
 
En second lieu, l'arrivée dans cette ville inconnue provoquait naturellement nombre d'incertitudes, certes des possibilités de découvertes en devenir, mais aussi de réelles pertes de repères importants à cette période. Subrepticement, un grand désarroi naissait de la survenue de l'impression de délaissement, voire d'abandon de l'existence récemment quittée. Cette distance se manifestait d'abord géographiquement par l'éloignement de Villée, témoin et théâtre d'abondants souvenirs encore bien présents et très vivaces. Elle atteignait son apogée dans le sentiment diffus d'ingratitude, presque de trahison, envers Ida, le personnage central, au cœur du socle du capital humain élaboré et accumulé.
 
Les relations interpersonnelles, issues prioritairement dans le milieu de vie, d'action, provenaient, en l'occurrence, de l'environnement scolaire. Dudule, le camarade loupéen des trois années du cycle, habitait un village situé à une dizaine de kilomètres où ses marques étaient bien assises. Tato, plus âgé et plus ancien au lycée d'un an, possédait de ce fait le statut de "grand frère", d'expérimenté. Elles émanaient aussi de la participation à des activités estivales rémunérées à l'entreprise locale florissante du moment : "la laiterie parisienne" de Fontaine-SimonLaiterie Fontaine-SimonLes trajets de cinq kilomètres nécessitaient l'entraide par le covoiturage, souvent à moto. Cette solidarité naturelle découlait d'une entente et une complicité spontanées des différents acteurs : Tato, Papou, Gérard... Les étudiants travailleurs temporaires accompagnaient les chauffeurs dans les camions, les aidaient à collecter le lait dans les fermes des tournées auxquelles ils étaient affectés. Parfois, le liquide était stocké dans des bidons en aluminium de vingt litres. Un coup de main de pro favorisait leur lancement, avec un minimum d'effort,  sur le plateau du véhicule. Certaines exploitations plus importantes conservaient le produit dans des tank à lait réfrigérés. Le transvasement se faisait alors mécaniquement, ce qui demandait moins d'énergie physique. En revanche, la capacité de la citerne étant supérieure, la tournée était plus longue... Pour une meilleure conservation du lait pendant les temps chauds de l'été, deux ramassages étaient programmés chaque jour. Le départ matinal s'effectuait dès sept heures. Un petit-déjeuner était offert par les fermiers visités, à tour de rôle : c'était un vrai repas plantureux et bien arrosé ! La première partie de journée se terminait en début d'après-midi. La deuxième collecte, plus brève, démarrait à dix-neuf heures et s'achevait peu avant minuit. Pour le retour à La Loupe, les jeunes s'attendaient auprès de Nadine, notre aînée d'une ou deux années, qui séjournait l'été chez son père directeur de l'usine. Ces instants forts vécus dans ces circonstances laborieuses et conviviales ont forgé des amitiés sincères, profondes et solides.
Dès son arrivée au lycée technique d'état manceau, chaque lycéen aspirait, après l'obtention du baccalauréat au terme du cycle, à intégrer la voie "royale", la "math sup technique". L'objectif principal de cette section était la préparation au concours d'entrée dans la prestigieuse "École Nationale Supérieure d'Arts et Métiers" (ENSAM) communément dénommée "Arts et Métiers". Ce projet majoritairement espéré, autant ambitieux que normal, supposait quelques dispositions propres : une relative aisance dans la capacité à soutenir une attention performante pendant les huit heures quotidiennes de temps scolaire ; la capacité d'ajouter un temps d'au moins la moitié de travail personnel approfondi, efficace et productif ; la facilité d'assimilation d'une quantité considérable de connaissances et de savoir-faire variés et souvent complexes... En outre, il nécessitait une volonté tenace forgée dans l'acier trempé, voire inoxydable, pour se préparer à une hypothétique réussite, un échec probable, conformément à la statistique des concours.
 
La rudesse du rythme imposé et subi pendant les trois années de lycée s'était traduite par une fatigue physique chronique conséquente, une lassitude intellectuelle proche de la saturation et un effritement du désir de progresser, de poursuivre des efforts éprouvants aux bénéfices incertains. La routine stérile des journées chargées et pesantes, le malaise vécu dans nombre de matières et les difficultés concrètes ayant émoussé les qualités indispensables aux velléités originelles, un choix moins onéreux en énergie et en détermination s'imposait. Apparaissait-il comme négatif au regard des réalités passées ou au contraire provenait-il d'une motivation profonde, viscérale, d'un élan (quasi) naturel, inné ? Il émanait très certainement de l'équilibre, l'harmonie entre ces deux pôles qui se nourrissaient l'un et l'autre de manière circulaire. La continuité de la formation ne serait plus généraliste, elle s'orienterait vers une spécialisation la plus pointue possible dans la discipline la plus pourvoyeuse de satisfaction : les mathématiques. Cette option avait, par ailleurs, l'assentiment de monsieur Y, professeur de mathématiques de la classe terminale. Malgré son attitude d'apparence distante, un peu froide mais très professionnelle, il se montrait à l'écoute et d'une grande disponibilité à l'égard de chacun de ses élèves. Il discernait avec une grande acuité leurs aptitudes intrinsèques, leur capacité de travail, leurs motivations réelles et leurs possibilités de progrès avec un surcroît d'effort. Il se dégageait de sa personnalité une telle intégrité, une sincérité profonde, une vraie honnêteté que les conseils prodigués se transformaient en choix définitifs plus ou moins inconsciemment. En l'occurrence, il suggérait l'abandon du prodigieux projet et préconisait la sagesse de l'orientation universitaire moins énergivore et plus accessible... Un nouvel encouragement venait, tardivement, conforter cet engagement lors de la proclamation du palmarès du baccalauréat. A la lecture des résultats de l'examen, le président du jury proposait à quatre lauréats un court entretien à la suite de l'annonce officielle. Au regard des notes obtenues aux épreuves de mathématiques, il leur suggérait de poursuivre l'étude de cette discipline à l'université, de manière plus approfondie et entièrement dédiée. Outre l'incitation individuelle proposée à ces heureux lycéens, cet aparté remplissait aussi la mission de vanter la qualité du jeune département de mathématiques de la faculté des sciences de Le Mans. Cette double action avait pour vocation dissimulée la recherche d'une augmentation de la population étudiante de cette filière récemment créée.
 
L'arrivée dans ce nouveau milieu, ouvert à une liberté insolite et inédite, bouleversait la banalité et la morosité du quotidien vécu antérieurement. D'une part, dans le domaine de l'enseignement, le cursus universitaire, une adaptation s'imposait : contenus, approches, démarches, méthodes présentaient autant d'innovations que d'originalités. D'autre part, sur le plan humain, les jeunes adultes découvraient la vie étudiante avec prioritairement une immense autonomie multiforme à gérer à la fois dans l'imminence et la durée.

 

Depuis quelques années le baccalauréat se déroulait en une seule fois, au terme de la classe terminale du cycle. Il s'effectuait en deux étapes : la première, écrite, exigeait la moyenne, un minimum de dix sur vingt, pour accéder à la seconde, orale. Dans la série "Mathématiques et Technique", la première partie évaluait quatre matières dont une littéraire. Cette année-là, le tirage au sort avait désigné le français aux dépens de la philosophie. Par le jeu des coefficients, un total minimal de cent points était requis à l'issue des ces premières épreuves pour la continuation de l'examen.
 
Parmi ces quatre domaines, les deux aux plus forts coefficients, mathématiques et dessin industriel, se révélaient favorables et compensaient, normalement, la faiblesse de la physique et du français. Ces deux disciplines critiques se révélaient conformes au vécu habituel sans apporter de surprise positive. En revanche, l'échec plutôt inattendu dans les deux spécialités favorites dissipait toute possibilité de poursuite et annihilait tout espoir de réussite. Cependant, le score de soixante-douze points, très éloigné des cents nécessaires, était juste suffisant, de deux points, pour bénéficier de la session de repêchage en septembre.
 
Un vide intellectuel complet s'opérait pendant le mois de juillet au moyen des activités physiques lucratives prévues. La deuxième période des congés scolaires était consacrée à la reprise des cours de mathématiques de manière exhaustive, approfondie et détaillée, chapitre par chapitre. Un travail quotidien sérieux et efficace d'une paire d'heures assurait dans la sérénité et sans fatigue une maîtrise solide de cette discipline. Cette tâche considérée accomplie, quelques courts moments étaient consacrés à de rapides et sommaires révisions de chimie.
 
La deuxième tentative, à quelques mois d'intervalle, évoluait dans un meilleur contexte puisque la seconde et dernière partie de l'examen était atteinte. En plus de celles déjà testées à l'écrit, d'autres matières, anglais et histoire-géographie, évaluaient oralement les connaissances générales. Les aptitudes techniques étaient mesurées à l'atelier de façon théorique par une épreuve protéiforme de technologie et sur le plan pratique par la réalisation d'un objet nécessitant plusieurs types d'usinage.
 
Pour ce millésime et dans cette série, l'as des candidats atteignait le cumul des quatre cents points après trituration des coefficients. En l'occurrence, la bonne réussite aux deux épreuves de mathématiques, à l'oral de physique et à la partie technique en général générait un score supérieur de plus de vingt pour cent du minimum requis pour l'obtention de ce diplôme. Le succès, sésame de la continuité vers l'enseignement supérieur, est transcrit sur le parchemin officiel en ces termes abruptes, sévères, aux antipodes de toute poésie : « a été jugé digne du Grade de Bachelier de l'Enseignement du Second Degré avec la mention "assez bien " ».