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Depuis quelques années le baccalauréat se déroulait en une seule fois, au terme de la classe terminale du cycle. Il s'effectuait en deux étapes : la première, écrite, exigeait la moyenne, un minimum de dix sur vingt, pour accéder à la seconde, orale. Dans la série "Mathématiques et Technique", la première partie évaluait quatre matières dont une littéraire. Cette année-là, le tirage au sort avait désigné le français aux dépens de la philosophie. Par le jeu des coefficients, un total minimal de cent points était requis à l'issue des ces premières épreuves pour la continuation de l'examen.
 
Parmi ces quatre domaines, les deux aux plus forts coefficients, mathématiques et dessin industriel, se révélaient favorables et compensaient, normalement, la faiblesse de la physique et du français. Ces deux disciplines critiques se révélaient conformes au vécu habituel sans apporter de surprise positive. En revanche, l'échec plutôt inattendu dans les deux spécialités favorites dissipait toute possibilité de poursuite et annihilait tout espoir de réussite. Cependant, le score de soixante-douze points, très éloigné des cents nécessaires, était juste suffisant, de deux points, pour bénéficier de la session de repêchage en septembre.
 
Un vide intellectuel complet s'opérait pendant le mois de juillet au moyen des activités physiques lucratives prévues. La deuxième période des congés scolaires était consacrée à la reprise des cours de mathématiques de manière exhaustive, approfondie et détaillée, chapitre par chapitre. Un travail quotidien sérieux et efficace d'une paire d'heures assurait dans la sérénité et sans fatigue une maîtrise solide de cette discipline. Cette tâche considérée accomplie, quelques courts moments étaient consacrés à de rapides et sommaires révisions de chimie.
 
La deuxième tentative, à quelques mois d'intervalle, évoluait dans un meilleur contexte puisque la seconde et dernière partie de l'examen était atteinte. En plus de celles déjà testées à l'écrit, d'autres matières, anglais et histoire-géographie, évaluaient oralement les connaissances générales. Les aptitudes techniques étaient mesurées à l'atelier de façon théorique par une épreuve protéiforme de technologie et sur le plan pratique par la réalisation d'un objet nécessitant plusieurs types d'usinage.
 
Pour ce millésime et dans cette série, l'as des candidats atteignait le cumul des quatre cents points après trituration des coefficients. En l'occurrence, la bonne réussite aux deux épreuves de mathématiques, à l'oral de physique et à la partie technique en général générait un score supérieur de plus de vingt pour cent du minimum requis pour l'obtention de ce diplôme. Le succès, sésame de la continuité vers l'enseignement supérieur, est transcrit sur le parchemin officiel en ces termes abruptes, sévères, aux antipodes de toute poésie : « a été jugé digne du Grade de Bachelier de l'Enseignement du Second Degré avec la mention "assez bien " ».