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Parmi les animaux de la basse-cour, eux-aussi très choyés, deux animent régulièrement, et avec force, le film du passage de leur vie à la justification de leur existence, de leur fonction essentielle pour la société... des humains : la fourniture de protéines. C'est l'intensité de la brutalité et de la violence de leur fin qui laisse une trace persistante !
 
Le lapin est le premier d'entre eux. Après avoir vécu dans un clapier d'un quart de mètre carré, il était assommé en recevant un coup violent derrière la tête. Pendu par les pattes arrières, il se faisait arracher un œil pour le vider de son sang. Ainsi, disait-on, sa mort était plus "rapide", mais surtout sa viande était de meilleure qualité, et sa récupération permettait, notamment, la confection de roux dans la cuisine. Il était ensuite "dépiauté" : après découpage au niveau des articulations des pattes postérieures, la peau était enlevée comme un gant en tirant avec une certaine force pour la décoller de la chair. Elle était ensuite vendue pour la maroquinerie ou la confection.
 
Le canard est le second animal dont le changement d'état (d'animé à produit de consommation) laisse une empreinte rémanente forte. Attrapé par ruse, son cou est placé sur un billot que vient percuter un hachoir dans un mouvement de haut en bas. Sa tête tombe au sol et son corps, dès le relâchement de l'étau humain, s'envole "normalement" jusqu'à la percussion du moignon cervical contre la paroi du hangar. Après un changement de direction, la "chose" (animal ou objet volant) reprend son envolée folle, inconsciente, presque effrénée... Quelques jours auparavant, la veille peut-être, il avait savouré une pâtée confectionnée à partir de céréales et d'orties spécifiquement pour lui et ses congénères. Ensuite, il s'était certainement ébattu, ébroué dans l'eau stagnante du tas de fumier en communiquant son apparente "joie de vivre" dans son nasillement si caractéristique !